L’étude des tissus et des cellules en biologie et en médecine repose sur des techniques de coloration permettant de visualiser les structures microscopiques. Sans coloration, la plupart des composants biologiques apparaissent incolores au microscope optique. Les colorations histologiques et cytologiques révèlent ainsi la morphologie, l’architecture tissulaire, mais aussi la présence de molécules spécifiques.
1. Coloration Hématoxyline-Éosine (H&E)
La coloration H&E est la plus utilisée en histologie. Elle permet de distinguer les noyaux et le cytoplasme de manière contrastée.
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Hématoxyline : se fixe sur les acides nucléiques (ADN et ARN), colorant les noyaux en bleu/violet.
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Éosine : colorant acide qui se fixe sur les protéines cytoplasmiques, donnant une teinte rose/rouge.
👉 Applications :
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Diagnostic histopathologique (cancers, inflammations, nécroses, etc.)
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Étude de l’architecture générale des tissus
2. Colorations spéciales
Certaines structures nécessitent des colorations plus ciblées :
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PAS (Periodic Acid-Schiff) : met en évidence les polysaccharides (glycogène, mucus) en rose-magenta.
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Trichrome de Masson : distingue le collagène (bleu/vert), le muscle (rouge) et les noyaux (noir/bleu foncé).
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Coloration d’Argent : utile pour détecter les fibres réticuliniques ou certains agents infectieux (champignons, bactéries).
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Bleu de toluidine : coloration métachromatique pour les mastocytes et les polysaccharides.
👉 Applications :
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Étude du tissu conjonctif
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Mise en évidence de dépôts pathologiques (amyloïdes, fibres anormales)
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Diagnostic en microbiologie histologique
3. Immunohistochimie (IHC)
L’immunohistochimie est une technique plus moderne et spécifique, reposant sur l’utilisation d’anticorps pour détecter des protéines particulières dans un tissu.
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Principe : un anticorps primaire reconnaît la protéine cible. Cet anticorps est ensuite révélé par un anticorps secondaire couplé à une enzyme (ex. peroxydase) ou un fluorochrome.
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Résultat : localisation précise de la protéine étudiée dans le tissu (coloration brune avec la DAB ou fluorescence selon le système utilisé).
👉 Applications :
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Identification de marqueurs tumoraux (HER2, Ki-67, p53, etc.)
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Étude de la différenciation cellulaire
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Recherche en neurobiologie, immunologie et pathologie expérimentale
4. Immunofluorescence (IF)
Variante de l’IHC, l’immunofluorescence utilise des anticorps couplés directement à des fluorochromes (FITC, TRITC, Alexa Fluor).
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Permet une visualisation en fluorescence au microscope.
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Possibilité de marquer plusieurs protéines simultanément (multicoloration).
👉 Applications :
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Étude des protéines dans les cellules vivantes ou fixées
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Analyse de la localisation intracellulaire de protéines
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Diagnostic en virologie et bactériologie
5. Colorations cytologiques
En cytologie (étude des cellules isolées, ex. frottis sanguin ou cervical), on utilise des colorations spécifiques :
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May-Grünwald-Giemsa (MGG) : coloration des frottis sanguins (érythrocytes en rose, leucocytes avec noyaux bleus/violets).
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Papanicolaou (Pap test) : utilisée en dépistage du cancer du col de l’utérus.
Conclusion
Les colorations histologiques et cytologiques sont des outils indispensables en biologie et en médecine. La coloration H&E demeure la méthode de base pour l’observation générale, tandis que les colorations spéciales apportent des informations ciblées sur certains composants. Enfin, les techniques modernes comme l’immunohistochimie et l’immunofluorescence offrent une spécificité moléculaire permettant d’identifier des protéines ou des biomarqueurs avec une grande précision.
Ces méthodes, combinées entre elles, constituent la base du diagnostic anatomo-pathologique et de la recherche biomédicale.